Asthme et Plongée : Les bonnes pratiques pour les Pneumologues

La plongée sous-marine, un loisir passionnant pour beaucoup, peut soulever des questions pour les pneumologues lorsqu’un patient asthmatique exprime le désir de s’y adonner.

Une contre-indication dépassée

L’asthme a longtemps été considéré comme une contre-indication majeure à la pratique de la plongée sous-marine, en raison de la survenue d’une crise d’asthme en plongée aggravée du risque de surpression pulmonaire. Cependant, des études et des observations ont remis en question cette interdiction, soulignant que la prévalence de l’asthme chez les plongeurs était comparable à celle de la population générale. En 2003, la FFESSM (Fédération française d’études et de sports sous-marins) a ainsi émis des recommandations autorisant la plongée pour les asthmatiques sous certaines conditions strictes.

Lorsque le sujet de la plongée est abordé par un patient asthmatique, deux approches principales se dégagent : soit interdire catégoriquement toute pratique, une mesure que tous les praticiens n’adoptent pas, soit procéder à une évaluation minutieuse de la condition asthmatique en collaboration avec le pneumologue.

D’après la FFESSM, la plongée est autorisée si l’asthme du patient est très bien contrôlé, c’est-à-dire s’il n’est pas gêné dans sa vie quotidienne par ses symptômes, qu’il ait ou non un traitement de fond. Pour limiter les risques d’accidents de décompression en cas de remontée trop rapide sans respect des paliers, il est recommandé de limiter la plongée à une profondeur maximale de 20 mètres. Il convient de noter que pour des plongées au-delà de 20 mètres, le certificat doit être délivré par le médecin du sport, conformément aux règlements des fédérations sportives. Cependant, dans ces cas, il est recommandé au médecin du sport de solliciter l’avis du pneumologue pour garantir la sécurité du patient.

Sensibiliser le patient avant et pendant la plongée

Pour assurer la sécurité du patient, il lui est recommandé de suivre certaines précautions. Avant la plongée il est important de s’assurer de l’absence de crise récente (dans les 7 jours par exemple), de l’absence d’évènements viraux récents qui pourraient exacerber l’hyperréactivité bronchique sous-jacente, de l’absence de facteurs connus déclenchants que sont l’air froid et sec, du bon contrôle de la maladie asthmatique pendant les semaines et les mois précédents. Il est également important que le patient ait une bonne connaissance des signes précurseurs d’une crise d’asthme, tels que la toux ou la sensation d’oppression thoracique. On peut lui recommander de s’aider avec une auto-surveillance par peak-flow.

Outre l’évaluation médicale du patient, d’autres aspects pratiques doivent être pris en considération. En effet, il faut vérifier la qualité du matériel de plongée, ainsi que l’endroit où les bouteilles d’air comprimé sont remplies. Un matériel défectueux ou contaminé peut déclencher une crise d’asthme grave par l’inhalation de particules. De plus, le site de plongée lui-même doit être exempt de toute pollution atmosphérique, car une exposition à des particules irritantes pourrait exacerber les symptômes asthmatiques. De ce fait, il faut vérifier que l’endroit où l’air a été comprimé se situe dans une zone où l’air n’est pas pollué. Par exemple, un parking peut être un lieu où l’air est fortement pollué, risquant d’aggraver les symptômes asthmatiques du plongeur. Ainsi, une attention particulière à l’environnement dans lequel l’air est comprimé est importante pour minimiser les risques de survenue des crises.

Les bons réflexes à avoir lors de l’émission du certificat d’aptitude à la plongée

Avant d’émettre un certificat d’aptitude à la plongée, une consultation préalable avec le pneumologue est primordiale. Lors de cette consultation, une évaluation doit être faite et prendre compte notamment de l’absence de crise graves, l’absence d’asthme à l’effort ou à froid, l’efficacité du traitement de fond, la fréquence des crises, la connaissance du patient à reconnaitre les situations de crises et savoir avoir recours aux médicaments de secours.

Comme pour toute surveillance de la maladie asthmatique, il est nécessaire de réaliser des examens fonctionnels respiratoires pour apprécier le bon contrôle de la maladie, tout particulièrement avant de partir plonger.

Dans le certificat lui-même, il est important de spécifier que le patient déclare avoir un asthme bien contrôlé et que la pratique de la plongée est autorisée sous certaines conditions (profondeur à respecter).

Enfin, dans le dossier médical, il est primordial de retranscrire fidèlement les propos du patient sans interprétation. Les lettres médicales fournies par d’autres praticiens peuvent parfois manquer de précision, et il est de la responsabilité du pneumologue de se baser uniquement sur les dires du patient pour évaluer sa condition. Il est recommandé d’utiliser une formulation précise et d’indiquer « le patient déclare que » suivi des constations cliniques de l’examen réalisé par le médecin. Le professionnel de santé conserve une copie du certificat, assurant ainsi une traçabilité complète des échanges et des décisions prises concernant la pratique de la plongée. Cette démarche garantit une transparence totale.

En conclusion, bien que l’asthme puisse représenter un défi pour les amateurs de plongée, une approche collaborative et une discussion transparente entre le patient et le pneumologue permettent une pratique sécuritaire de ce loisir.

D’après un entretien avec le Dr Schuller, pneumologue

Mis en ligne le 24 mai 2024


Sources :

Fédération française d’étude et de sport sous-marin

Revue des maladies respiratoires, SPLF, vol. 18, 2001