Reprise de l’activité : nos experts vous accompagnent

intervention chirurgicale en cours

Dr Antoine Watrelot, chef du pôle chirurgie gynécologique

L’heure de la reprise a sonné, néanmoins le plan blanc n’a pas été levé et cette reprise semble très contrastée. Selon les régions, elle est partielle voire très partielle. Les sociétés savantes y vont toutes de leurs recommandations ou préconisations.

La SCGP (Société de Chirurgie Gynécologique et Pelvienne) demande assez justement que tout patient soit considéré comme Covid+ jusqu’à preuve du contraire vu la difficulté du dépistage préopératoire. La mesure la plus pertinente semble le questionnaire de santé réévalué à l’entrée ainsi que des mesures barrières strictes bien connues de tous maintenant.

L’ESGE (European Society for Gynaecological Endoscopy) rappelle que le virus pourrait (en théorie) se trouver dans les fumées dégagées lors de l’utilisation d’énergie au cours des cœlioscopies et recommande de filtrer les fumées et de faire tout pour diminuer le risque de fuite de gaz (pression basse, trocarts  à ballonnets, nœuds intra corporéaux etc..). Un patient avéré Covid+ devrait être reprogrammé, sauf urgence, 4 semaines après (on est là proche de ce que l’on fait en présence d’un futur opéré présentant une pathologie infectieuse…).

Enfin, en ce qui concerne la reprogrammation des interventions, il semble logique, lorsque la reprise est partielle, de privilégier les interventions déprogrammées pendant le confinement, et celles qui sont semi urgentes (pathologie anémiante) ou atteignent la qualité de vie (endométriose douloureuse par exemple).

Espérons pour terminer que le plan blanc qui n’a plus de raisons d’être dans ce qui semble bien être une rapide décroissance de la pandémie sera très rapidement levé. Il en va de la santé de nos concitoyens (et « accessoirement » de celle de nos entreprises médicales !).

Pr Didier Mutter, chef du pôle chirurgie viscérale-bariatrique

Ce qui me semble très important c’est que l’équipe de coordination soit structurée entre la direction, la CME, le médecin réanimateur, l’anesthésiste et le chirurgien. Le chirurgien ne doit pas se retrouver tout seul à décider dans son coin.

Il faut bien sûr délivrer l’information dédiée à la pathologie et l’information Covid-19 et la tracer.

Enfin, je dirai que le chirurgien reste maître de ses décisions et l’assureur l’assure quoi qu’il arrive.

Pr Laurent Obert, chef du pôle chirurgie membre supérieur

Mon message est assez simple : ne pas aggraver la situation en opérant une indication limite chez un patient à risque, qui se complique et qui attrape le Covid-19. Mais les chirurgiens savent tout ça…

Les règles pour bien faire : visionner le webinar SOFCOT et les recommandations et faire ce qui semble juste en se posant la question suivante : à indication égale, est-ce-que j’opèrerai quelqu’un à risque, de ma famille et qui ne souffre pas ?

Enfin, on ne le redit jamais assez mais il faut bien délivrer l’information opératoire au patient avec d’une part une fiche classique et d’autre part la feuille d’information Covid-19. Et bien sûr tout tracer, écrire dans le CRO, les raisons de l’intervention en phase Covid-19.

Dr Michel Rouif, chef du pôle chirurgie plastique et reconstructrice

La reprise d’activité doit être réelle mais progressive. La chirurgie plastique, reconstructrice et esthétique ne doit pas être pénalisée par rapport aux autres spécialités. Le directoire a été clair sur le fait que toute intervention est envisageable en mesurant le rapport bénéfice/risque pour le patient. Comme l’a rappelé Me Georges Lacoeuilhe le jour du live, le praticien ne doit pas tout porter et le dialogue entre chirurgien et anesthésiste est indispensable.

Bien sûr, il faut transmettre et tracer l’information Covid-19 tout particulièrement pour les chirurgies non urgentes, et tenir compte des comorbidités.

Dr Jean-Luc Moreau, chef du pôle urologie

L’urologie s’est adaptée rapidement aux conditions d’organisation et de sécurité imposées par la pandémie Covid-19. Des recommandations spécifiques ont été émises par l’AFU. La prise en charge de vos patients s’est modifiée avec le développement de la téléconsultation, la sélection des patients face au risque infectieux, la programmation opératoire suivant le niveau de criticité et la typologie des interventions… Pour la reprise de vos activités urologiques, il vous est conseillé de considérer chaque patient comme un porteur potentiel du virus, d’encadrer votre pratique selon les recommandations en vigueur, d’assurer au mieux la protection des patients et de votre personnel.  La traçabilité la plus complète est nécessaire pour vous protéger du risque de contentieux face à la perte de chance liée à un report jugé excessif ou à la survenue de complications opératoires pendant la pandémie. Bonne reprise à vous dans le même esprit d’équipe, de concertation et de coordination que celui qui a prévalu pendant cette crise.

Dr Olivier Leroy, chez du pôle infectiologie, sur les contraintes « infectiologiques » lors de la reprise des activités médico-chirurgicales

Durant cette période de reprise post-confinement des activités médico-chirurgicales, un certain nombre d’impératifs « infectiologiques » doivent être respectés :

  • En dehors des situations d’urgence, il est préférable d’intervenir chez un patient exempt d’infection patente ou en incubation par le SARS-CoV-2.
  • Les tests sérologiques actuels et le scanner thoracique ne sont pas recommandés pour ce dépistage.
  • La recherche de signes cliniques évocateurs, de facteurs de risque de formes graves d’infection par le SARS-CoV-2 et de contacts avec un patient suspect, couplée à un test diagnostique par RT-PCR dans les 24h à 48h avant l’hospitalisation est indispensable.
  • Afin d’assurer la protection des patients et des professionnels de santé, de nombreuses mesures telles que la distanciation physique, la désinfection des mains par friction hydro alcoolique et le port systématique et continu d’un masque chirurgical dès l’entrée dans le bâtiment et dans tous les lieux communs devront être respectés par tous.

Me Georges Lacoeuilhe, Cabinet Lacoeuilhe, avocat spécialiste en droit de la santé

Le post-confinement, il faut l’envisager comme un retour progressif à la normale. Ces deux notions, progressivité et normalité, doivent permettre d’écarter le stress d’une rentrée trop rapide et la     non-observation des protocoles habituels à savoir : délivrer la bonne information, la tracer, et ainsi améliorer les éventuels manquements antérieurs, bien mentionner dans le dossier médical les symptômes et l’absence d’équivoque de l’indication chirurgicale.

Compléter cette information par celle spécifique sur le Covid-19 et les précautions qui auront été prises tout au long du parcours médical (il ne s’agit pas seulement de les élaborer, les mettre en œuvre, mais aussi de les tracer). Enfin, ne pas oublier de mettre en place un process de protection maximale au sein du cabinet médical, pour les consultations – c’est peut-être là que le risque est le plus important, alors que les gestes barrières sont routiniers au bloc opératoire – en informer le patient préalablement à la consultation, et en garder une traçabilité.

Me Philip Cohen, Cabinet Auber, avocat spécialiste en droit de la santé

Dans les éléments essentiels, il faut :

  • Être en conformité avec les préconisations de la SFAR
  • Être en conformité avec les dispositions réglementaires définies dans chaque région par l’ARS. Ces dispositions concernent le respect des modalités de reprise et  types d’activités notamment les indications opératoires compatibles avec le cadre défini.
  • Plus que jamais, veiller à la traçabilité de l’information donnée avec l’information spécifique COVID19, de la décision pluri professionnelle et collégiale d’intervention et comme toujours à la bonne tenue du dossier médical.

J’attire votre attention sur les circonstances exceptionnelles actuelles permettant d’envisager  l’extension  de la téléconsultation  pour  la consultation préanesthésique à distance : cela suppose de documenter préalablement les patients éligibles à celle-ci, de donner alors à la visite préanesthésique un contenu substantiel de consultation complémentaire dument tracée notamment avec les examens cliniques qui n’auront pu préalablement avoir lieu et la prise de connaissance des examens préopératoires prescrits.

Le patient doit être informé plus que jamais qu’à l’issue de cette visite préanesthésique des éléments nouveaux pourront contre-indiquer ou obliger à reporter l’intervention.