La santé, souci n°1 des Français / 0 pour les politiques

Les médecins libéraux qui font tourner les cliniques privées, répondent par la voix de Philippe CUQ, co-président du Bloc, à notre débat entamé dans notre dernier numéro sur la situation tendue avec les établissements. Les médecins libéraux n’ont pas dit leur dernier mot !

L’union syndicale Avenir Spé – Le Bloc négocie pour obtenir des engagements forts pour la modernisation de notre système de santé et la valorisation de tous les soignants

Dr Cuq, vous êtes co-président du Bloc et vous avez récemment gagné avec Avenir Spé les élections aux URPS. À ce titre vous avez participé aux négociations de l’avenant n°9 à la Convention Médicale. L’article paru dans notre dernier numéro sur les conflits entre médecins libéraux et établissements appelle de votre part des commentaires.

Philippe CUQ : Les relations avec les établissements deviennent de plus en plus conflictuelles, en particulier avec les groupes financiers. La garantie financière pour les établissements jusqu’en décembre 2021 en est principalement la cause.

La mise à disposition des moyens humains et matériels par les établissements n’est aujourd’hui pas respectée et met en péril l’offre de soins du secteur libéral. Les exigences de qualité et de sécurité que nous devons à tous les patients sont étroitement liées aux moyens humains et matériels.

Il est urgent de remettre de l’équité dans la relation contractuelle avec les établissements.

Nous travaillons ensemble en ce moment pour tirer des leçons de la situation de crise dans les établissements privés après les 3 vagues COVID. Il n’est pas question ici de dévoiler un travail qui n’est pas encore abouti, mais pouvez-vous nous dire pourquoi cette démarche vous parait indispensable ?

PC : En dehors du texte conventionnel de l’avenant 9 nous avons obtenu 2 points très importants :

  • La revalorisation des astreintes dans le cadre de la PDSES qui passe de 150 € à 180 €
  • Et surtout en cas de nouvelle crise sanitaire avec déprogrammation, nous avons obtenu les mêmes indemnisations que pour les établissements, c’est-à-dire 80 % du chiffre d’affaires en tarif opposable de 2019. Cet élément est capital, nous l’avions proposé depuis mars 2020. L’inéquité de traitement entre établissements et praticiens a été et est encore source de graves conflits.

Dans le texte conventionnel l’APC (ancien C2) passe de 50 à 55 € à partir de février 2022.

Quels sont les sujets qui vous préoccupent le plus dans cette période de reprise d’activité que l’on dit très inégale suivant les établissements ?

PC : La reprise des activités en particulier chirurgicales est difficile. La garantie des ressources pour les établissements prévue jusqu’en décembre 2021 ne la stimule pas. Les équipes infirmières et aide-soignantes ont été extrêmement déstabilisées. Dans les blocs opératoires le décret IBODE de 2015 est impossible à mettre en place et dégrade l’ambiance et le fonctionnement des équipes opératoires. Il entraîne confusion et gêne le recrutement des jeunes infirmières. Nous avons encore une fois alerté le ministre sur ce sujet, il est urgent de le régler définitivement en valorisant le métier d’infirmière de bloc opératoire.

Nous rentrons en période électorale. Le milieu médical n’a jamais été autant sous les projecteurs que depuis mars 2020. Pensez-vous finalement que cela aura aidé à revaloriser l’image du secteur de la santé et que ce sujet fera enfin partie des grands débats pré présidentielle ?

PC : Cette crise sanitaire a bien mis en évidence l’équilibre fragile de notre système de soins et la nécessité de moderniser notre système de santé et de revaloriser de manière significative l’ensemble des soignants. La santé est sûrement la préoccupation première de la population française et probablement la dernière des hommes politiques bloqués depuis des décennies sur la notion du coût de la santé.

Espérons que cette crise sanitaire changera l’approche économique de la santé en France. Notre travail et notre responsabilité sera tout le long de la campagne présidentielle un moyen d’obtenir des engagements forts pour la modernisation de notre système de santé et la valorisation de tous les soignants.