« Sepsis sous le sapin » – Les tribulations médico-légales du Dr TAMALOU, Épisode spécial Noël

TAMALOU SPECIAL NOEL

24 décembre, 14 h 17 : Arrivée à la maternité

Dans les couloirs de la maternité, ça sent la clémentine, le gel hydroalcoolique et la garde de Noël. Le sapin clignote mollement à côté du bureau des sage-femmes. Le Dr TAMALOU, anesthésiste-réanimateur, est de garde. Tout en faisant couler un café, il pense, un sourire en coin, au déjeuner familial du lendemain et à l’excitation des enfants autour du sapin. Ce matin-là, alors qu’il montait dans sa voiture, sa fille, encore en pyjama, était sortie sur le pas de la porte, la voix claire dans l’air froid : « On t’attend Papa, promis ! ».

Pour l’instant, RAS, pense-t-il, tout au moins pas de transmission particulière à son arrivée mais il sait que les fêtes sont une période vulnérable : personnels vacataires, sous-effectif etc., il faut rester alerte — surtout en obstétrique.

14 h 30 : La césarienne inquiétante

Après son café, Tamalou commence ses visites par la césarienne de la nuit.

Chambre 301. Mme L.

— Bonjour, je suis le docteur Tamalou, je… Le médecin s’arrête net. Allongée dans son lit, la parturiente est apathique, elle ne semble pas aller bien : Fièvre, douleur, pâleur, tachycardie… Mais le pansement de la césarienne est propre, la cicatrice nette, pas d’abcès visible, pas d’inflammation au niveau de la perfusion ni au niveau de la péridurale.

Le tableau clinique se dessine sans équivoque : sepsis post-césarienne.

Avant toute chose, Tamalou saisit le dossier : aucune trace précise de l’antibioprophylaxie, pas de notion de difficultés opératoires particulières, mais le compte rendu opératoire n’est pas encore rédigé. Pas de mention précise d’antibiotique en post-op’. Aucun relais oral ou IV.

— Rien n’est noté dans le dossier… Souffle-t-il, alors qu’une infirmière entre dans la chambre.
— Bonjour docteur, sourit l’infirmière.                                                                                                                        
— Bonjour, je viens de commencer les visites, l’anest’ d’hier lui a fait l’antibio ? Elle est fébrile, rien n’est noté.                                                                                                                                                                               
— Euh, je ne sais pas, ce n’était pas moi hier… répondit-elle, d’un air désolé. Je peux appeler la sage-femme de garde ? 
— Oui, on peut essayer, mais je pense qu’elle est déjà chez elle en train de préparer son dîner de réveillon, dit-il en un léger sourire en coin, la relève est à 13 heures et il est bientôt 15 heures.

Les échanges avec la sage-femme ne donnent rien de plus. L’obstétricien et l’anesthésiste de la veille sont rentrés chez eux, et l’infectiologue référent… en vacances.

15 h 10 : Prendre des décisions rapides

Il a l’impression d’être seul :
Il faut décider vite. Réanimation ? Antibiothérapie d’emblée ? Bilan complet ? Hémocultures, lactates ? Quel schéma ? Quelle molécule ? Et s’il se trompait ?

Il n’y avait pas de temps à perdre. Il saisit son mobile.
04 85 85 85 85. L’assistance SOS Infectio de son assurance Branchet.

Une sonnerie. Puis une voix posée.
— Bonjour, Docteur Olivier Leroy, infectiologue pour Branchet, j’écoute.

Le Docteur Leroy est l’un des infectiologues référents de l’assistance Branchet. Il a monté une équipe d’infectiologues qui se relaient jour et nuit pour assister les assurés Branchet quelle que soit leur spécialité.

—  Bonjour docteur, Il y a une parturiente post césarienne qui est fébrile, mais rien n’est noté au dossier. Il y a un risque de sepsis et l’équipe d’hier est rentrée. Je fais quoi ? demande le Dr Tamalou, déterminé à agir.                                                                                                                                               
— Vous avez bien fait de nous appeler, dit-il d’un ton rassurant. Voilà ce que l’on va faire.

Conseils immédiats :

  • Bilan infectieux complet avec CRP, hémocultures, ECBU notamment.
  • Mise en route immédiate d’une bi antibiothérapie IV à large spectre (selon les recommandations SPILF/CNGOF).
  • Joindre l’anesthésiste et l’obstétricien qui ont participé à la césarienne afin de compléter les informations.
  • S’assurer des prescriptions d’anticoagulants en prévention.
  • Surveillance rapprochée. Évaluation du passage en unité de soins intensifs ou en réa selon l’évolution dans les heures à venir.
  • Information de la patiente et de sa famille.

—  Et surtout : tracez. Ce qui a été fait. Ce qui n’a pas été fait. Ce que l’on décide de faire. Pas de trace, pas de preuve, insiste le Docteur Leroy.                                                                                                                
— Ok. Bien reçu. Merci pour votre aide.                                                                                                                    
— À votre service. Joyeuses fêtes ! Conclut-le Docteur Leroy avant de raccrocher.

17 h 00 : Stabilisation et retour au calme

À 17 heures, la patiente est stabilisée. Toujours fébrile, mais l’état général s’est amélioré, la situation est maîtrisée. Tamalou respire.

Il sortit son carnet et griffonna :
« Penser au sepsis. Agir vite. Tracer. Ne pas rester seul. Appeler ou écrire à l’assistance infectiologie H24 Branchet. »
Il ajouta en marge, presque machinalement :
« Les infections post-opératoires en gynéco-obs, c’est la pathologie la plus déclarée entre février 2024 et février 2025 : 134 cas recensés dans le cadre des EIAS par GYNERISQ. »

Dans la salle de garde, on entend « All I want for Christmas is You », le tube de Mariah Carey, diffusé par une enceinte connectée. Une sage-femme a rapporté des sablés de Noël maison. Il reste un peu de bûche et le café fume encore dans les mugs. La pression redescend doucement. Tamalou sourit.

Alexia FARRY, Head of communication, PR & Content Branchet Solutions, avec le concours du service juridique Branchet