Après des années d’internat, d’assistanat ou de clinicat, l’installation libérale représente souvent à la fois un aboutissement et un nouveau départ. Mais comment passer du projet à la réalité sans mauvaises surprises ?
C’est justement le sujet du 1er épisode de la nouvelle saison d’Urocast dans la série « Mes pires cauchemars », un podcast qui s’adresse aux urologues, soutenu par Branchet et animé par le Pr Morgan Rouprêt (La Pitié-SalpêtrièreAP-HP). Pour en parler, il reçoit le Dr Denis Seguier (CHU de Lille et président de l’Association Française des Urologues en Formation).
Ensemble, ils abordent les 10 questions fondamentales que tout praticien devrait se poser avant de franchir le pas.
Les 10 questions clés à se poser
1. Le plateau technique : l’environnement et les équipements correspondent-ils à ma pratique ?
L’environnement de travail est un facteur déterminant. Il s’agit d’évaluer la qualité et la modernité des équipements disponibles : robot chirurgical, lasers, accès à l’imagerie, etc. L’accès garanti aux blocs opératoires (nombre de vacations, créneaux) et à la stérilisation est également essentiel.
Pour ne pas être rapidement dépassé, il est conseillé de se renseigner sur les plans d’investissement à 12-36 mois afin d’anticiper l’évolution technologique de l’établissement.
Au-delà de l’accès à ces équipements, se pose la question de la protection des vôtres (laser, échographe). Une assurance Multirisque Professionnelle, couvrant spécifiquement les locaux et le matériel de pointe, est un prérequis pour sécuriser cet investissement.
2. Statut juridique et clauses contractuelles : le contrat est-il protecteur ?
Le choix de la structure juridique impacte directement la fiscalité et la protection sociale. Mais au-delà du statut, les clauses du contrat d’exercice ou d’association sont capitales.
Il faut examiner attentivement les clauses de non-concurrence, d’exclusivité, la durée de l’association et surtout les conditions de sortie. Ces éléments, parfois négligés, peuvent devenir très contraignants. Face à des documents juridiques complexes, un premier niveau d’analyse par des experts (fiscaliste, expert-comptable, etc.) est souvent judicieux.
3. Rémunération et redevances : le modèle économique est-il clair et équitable ?
Bien négocier son contrat avec la clinique est central dans une installation. Il est impératif de clarifier comment sont calculées les redevances dues à la clinique et quelles sont les clés de répartition des honoraires et des charges au sein du groupe.
Faut-il également prévoir un « ticket d’entrée » pour entrer dans certains centres particulièrement prisés et, si oui, comment est-il calculé ? Il faut également pouvoir anticiper les modalités de sortie et de valorisation des parts pour prévenir les conflits futurs.
4. Astreintes et permanence des soins : quelle charge dans le privé ?
La question de l’astreinte varie selon les spécialités, les structures et le périmètre territorial. Cependant, la permanence des soins en libéral peut vous amener à reprendre un patient opéré par votre confrère et/ou associé.
En cas de complications, même si c’est un aléa thérapeutique, le patient ou ses ayants droit pourraient faire une réclamation. Dans ce cas, vous seriez mis en cause comme tous les médecins ayant pris en charge ce même patient.
Par conséquent, quand on s’installe, il est intéressant de se poser la question d’une défense commune et donc de souscrire collectivement au même assureur même si bien sûr chaque contrat d’assurance responsabilité civile est individuel.
Pour rappel, contrairement à l’hôpital, vous êtes responsable à titre individuel de la prise en charge de votre patient de la consultation à la sortie du bloc opératoire. Il apparaît stratégique et essentiel d’avoir la même vision de la gestion des risques que vos associés et/ou confrères d’un même établissement.
5. Responsabilité civile professionnelle, prévoyance et retraite : êtes-vous réellement couvert en cas d’imprévu ?
Beaucoup de médecins découvrent trop tard qu’ils ne sont pas assez couverts. La Responsabilité Civile Professionnelle (RCP) est obligatoire, mais elle n’est que la base.
Choisir son assureur RCP, c’est choisir un partenaire de long terme. Opter pour un acteur comme Branchet, spécialiste du plateau technique lourd, qui se consacre exclusivement à l’assurance des médecins, c’est s’assurer d’une expertise pointue, d’un système de défense reconnu et d’une absence totale de conflit d’intérêts avec les établissements de soins.
La prévoyance est tout aussi essentielle pour protéger vos revenus et votre famille. Le régime de base de la CARMF présente des limites notables, notamment un versement des indemnités journalières seulement après 90 jours d’arrêt. Un contrat de prévoyance complémentaire est donc indispensable pour couvrir le maintien de revenus, les frais généraux du cabinet, l’invalidité et le décès.
Tout au long de votre carrière, votre activité génère des revenus qui, s’ils sont souvent confortables, vous exposent aussi à une fiscalité importante et à un décrochage significatif de revenus au moment de la retraite. Préparer sa retraite n’est donc pas une option : c’est un acte de gestion et de prévoyance essentiel. Le Plan d’Épargne Retraite (PER), issu de la loi PACTE, a été conçu pour répondre à cet enjeu.
6. Garanties de la prévoyance : votre contrat est-il bien calibré ?
Le Pr Rouprêt recommande d’ajuster les garanties à sa situation personnelle et de porter une attention particulière aux détails du contrat. Il est par exemple possible de prévoir une rente éducation pour vos enfants, ou encore un capital décès d’un million d’euros non imposable (y compris en cas de suicide).
Certes, ces choix représentent un coût mensuel supplémentaire, mais ils apparaissent comme un investissement précieux lorsque l’on est confronté à la maladie. C’est là que l’accompagnement par un spécialiste prend tout son sens. Des acteurs comme Branchet conçoivent des contrats de prévoyance spécifiquement pour les médecins, en prenant en compte les particularités de chaque exercice.
7. Carrière libérale et recherche : comment structurer et valoriser sa pratique ?
S’installer ne signifie pas renoncer à la recherche clinique. Mieux vaut maîtriser tout le continuum de la maladie qu’un acte, car les techniques évoluent. En effet, on estime que 80 % des praticiens installés ne pratiqueront plus, en fin de carrière, avec les mêmes techniques et technologies qu’ils utilisaient au moment de leur installation.
S’investir dans la formation pour se tenir à jour des recommandations des tutelles est aussi gage de qualité. Pour mettre en place ces processus, des partenaires comme Branchet Solutions proposent un écosystème d’accompagnement : des formations DPC (en présentiel, à distance, ou via l’unité mobile de formation) pour améliorer les pratiques, des fiches d’information préopératoires pour sécuriser le consentement, des guides pratiques et des webinaires d’experts via Branchet TV pour rester à jour sur les enjeux médico-légaux.
8. Gouvernance, e-réputation et conformité : maîtrisez-vous les enjeux modernes ?
Concernant la gouvernance, il y a des questions à se poser. Il ne faut pas être spectateur. Qui est le représentant de la CME de l’établissement dans lequel j’exerce ? Comment le conseil de l’Ordre peut m’accompagner ? Comment m’investir au sein de ma société savante ?
Enfin, à l’ère numérique, gérer son e-réputation (avis en ligne) est incontournable. Cet enjeu, ainsi que le respect scrupuleux des règles légales (RGPD, Hébergement des Données de Santé), exposent à de nouveaux risques.
9. Sinistre et défense : que se passe-t-il en cas de mise en cause ?
Souscrire une RCP ne suffit pas, il faut s’intéresser au système de défense qui l’accompagne. En cas de mise en cause, la réactivité et la qualité du conseil initial sont primordiales.
Un système de défense complet, comme celui proposé par Branchet, repose sur une chaîne de soutien intégrée. Tout commence par un accès immédiat à la hotline médico-légale 24/7, où des médecins spécialisés fournissent les premiers conseils cruciaux pour gérer la situation de crise. Ensuite, un juriste dédié prend en charge le dossier et active un réseau d’avocats spécialisés en droit médical pour organiser une défense sur-mesure.
Cette approche, qui a fait ses preuves avec 80% des dossiers clos sans reconnaissance de responsabilité, garantit au praticien d’être conseillé par des médecins engagés dans la défense de leurs confrères et protégé par les meilleurs experts du domaine.
10. Ressources humaines et soutenabilité : comment pérenniser l’activité ?
Les carrières ne sont plus linéaires. « On est sur un marathon, pas sur un sprint ; le comble serait de ne pas prendre soin de soi alors que l’on prend soin des autres », insiste le Pr Rouprêt. Prévenir le burn-out en veillant à l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle est un enjeu majeur.
À propos du travail avec ses collaborateurs, le Pr Rouprêt souligne l’importance de créer de bonnes conditions de collaboration. Il rappelle qu’il est essentiel de rémunérer correctement ceux qui prennent soin de vous, afin qu’ils soient à l’aise matériellement et puissent se consacrer pleinement à leur mission.
Pour écouter le podcast
Conclusion
S’installer en libéral, c’est choisir la liberté, mais aussi la responsabilité. Cette aventure touche à des dimensions médicales, juridiques, économiques et humaines.
Comme le rappellent les intervenants, la clé du succès réside dans l’anticipation et l’accompagnement : se poser les bonnes questions, analyser chaque contrat, évaluer les risques et s’entourer d’experts (avocats, experts-comptables, assureurs spécialisés).
Une préparation rigoureuse est la meilleure garantie pour éviter les « pires cauchemars » et construire une pratique libérale solide et sereine.